NCAA – La touchante histoire du premier joueur autiste de la ligue

Le nom de Kalin Bennett ne vous dit très probablement rien, mais croyez-nous, il mérite d’être connu. Cet autiste, à qui certains prédisaient de ne jamais pouvoir parler ou bouger, va rejoindre la NCAA. Il est le premier joueur de l’histoire dans ce cas.

Il n’a pas marché jusqu’à ses 4 ans. Pas parlé avant ses 7. Pourtant, Kalin Bennett va devenir le premier autiste à jouer en Division 1 NCAA, tous sports confondus. Ce jeune homme de 18 ans à peine, de 2m08 et plus de 130kg, au grand sourire permanent, a en effet été recruté par Kent State (université très attachée à l’accueil d’étudiants autistes) pour rejoindre l’équipe de basket à compter de la saison prochaine. Un accomplissement inespéré pour un garçon parti avec tant de retard.

Ils n’étaient pourtant pas si nombreux à croire en lui au départ. Et il ne l’a pas oublié. Quand il a obtenu l’équivalent de son brevet des collèges, une psychologue, qui avait prédit qu’il ne parlerait jamais et ne marcherait jamais, a demandé à filmer la cérémonie. La mère de Kalin, Sonja, se souvient :

« Kalin m’a dit : « Maman, je veux lui parler ». Je ne sais pas si vous avez déjà côtoyé des enfants autistes, mais ils sont incroyablement honnêtes. Ils veulent tout savoir. Ils ne font pas ça méchamment ou par défiance, mais ils peuvent avoir des questions difficiles auxquelles ils veulent absolument une réponse. Je lui ai montré son dossier médical, on a contacté la psychologue. Quand il lui a parlé, il lui a dit : « Êtes-vous celle qui a dit que je ne marcherai jamais et ne parlerai jamais ? J’espère que vous ne l’avez jamais dit à personne d’autre, car vous pourriez ruiner leurs vies »

Il faut savoir que l’autisme prend plusieurs formes, parfois irrationnelles. Comme beaucoup d’autistes, Kalin est brillant (il est excellent en maths et sait jouer 5 instruments de musique différents). En revanche, il a mis très longtemps à comprendre ce qui était réel et ce qui ne l’était pas à la télévision. Pendant longtemps, s’il regardait une série TV et qu’un personnage se faisait tirer dessus, il se mettait à pleurer. Bennett ne voit pas le mal, ne le rationnalise pas. Il est aussi bien plus proche de sa famille que la « normale ». S’il est en bons termes avec son père, c’est bien sa mère qui est la personne la plus importante dans sa vie. L’année dernière, éloigné d’elle pour la première année scolaire, il a été si contrarié le soir de son anniversaire qu’il a dû être emmené à l’hôpital. Avertie, sa mère est venue le voir. « Maman, je ne peux pas faire ça sans toi », a alors confié Kalin. L’année prochaine, elle déménagera et trouvera un nouveau boulot pour le suivre dans ses nouvelles aventures. Elle ne sera pas de trop pour épauler le jeune homme dans un nouveau campus bien plus grand tout ce qu’il a connu jusqu’alors.

Kalin Bennett
Kalin Bennett avec sa mère, Sonja.

Incroyablement attachant dans sa manière d’être comme dans sa manière de voir les choses (« c’est une personne phénoménale », glisse-t-on du côté de Kent State), Kalin Bennett se fixe 2 objectifs dans sa nouvelle université : jouer au basket à très bon niveau, mais aussi et surtout tracer la voie à d’autres autistes, et aider à « normaliser » et à faire comprendre l’autisme :

« Je veux faire un impact non seulement sur le parquet, mais aussi avec les gamins qui souffrent du même problème que moi. Je veux utiliser mon exposition pour inspirer d’autres jeunes. Souvent, ils se sentent seuls et délaissés, et j’étais pareil en grandissant. Je veux qu’ils comprennent que si moi j’ai pu le faire, alors eux aussi »


L’histoire est belle, mais reste à savoir si Kalin Bennett peut être un bon joueur au niveau NCAA. Là-dessus, coachs, assistant-coachs et observateurs n’ont que peu de doutes : la réponse est oui. Gros rebondeur par nature, il a bien sûr énormément de facettes de son jeu à parfaire, mais ce travailleur acharné a toutes les cartes en main pour y remédier. En attendant, le jeune homme, qui a déjà en tête de suivre l’équivalent d’un master en maths, veut aussi et surtout faire changer les mentalités à travers son histoire :

« On est tous humains. On ressent tous l’amour, la compassion. C’est juste une autre étape »

Il sera intéressant de voir l’adaptation et les performances de Kalin l’année prochaine. Mais on ne peut que souhaiter tout le bonheur du monde à un garçon à l’histoire si singulière et si touchante.

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