NBA – Finales 1984 : « Vous voulez gagner ? Donnez-moi la balle et cassez-vous »

Larry Bird et Magic Johnson durant un Celtics/Lakers
(DR)

L’affrontement entre Boston et Los Angeles en finales 1984 reste à ce jour l’un des plus beaux, sinon le plus beau de l’histoire de la ligue. Retour sur une série palpitante, chargée en petites histoires et moments marquants, qui a refait du basket un sport en vogue aux Etats-Unis.

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Printemps 1984. Après une période délicate qui l’a presque vue mettre la clé sous la porte, la NBA sort la tête de l’eau, et elle le doit en immense partie à deux hommes : Larry Bird et Magic Johnson. Les deux stars, rivaux parfaits, captivent l’Amérique.

En 1979, ils avaient déjà croisé le fer en finale du tournoi NCAA, rassemblant plus de 40 millions d’Américains devant leur poste, record toujours intouchable à l’heure actuelle. Cette fois, pour la première fois, ils vont s’affronter en finales NBA. Les Etats-Unis bouillonnent… Let’s go !

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Game 1 : Boston 109 – 115 Los Angeles

Les hostilités s’ouvrent le 27 mai dans l’ambiance survoltée du Boston Garden. Les chants « Beat L.A » sont assourdissants, l’atmosphère étouffante. « Les gens là-bas voulaient plus que du basket », se souvient Pat Riley, coach des Lakers. Malgré tout, Los Angeles, qui a gagné les 2 matchs de saison régulière face à Boston et sait avoir « la meilleure équipe » selon Magic Johnson, impose son tempo. Kareem Abdul-Jabbar plante 32 points et le meneur joue au chef d’orchestre pour prendre d’emblée l’avantage du terrain.

Game 2 : Boston 124 – 121 Los Angeles (a.p)

Contraints de gagner ou presque, les Celtics s’accrochent devant leur public pour ce deuxième match. Pourtant, à 18 secondes de la fin, les Lakers mènent 113-111 et ont la balle dans les mains. Commence alors une séquence de choke invraisemblable pour les hommes de Pat Riley. D’abord, James Worthy tente une passe suicidaire sur la remise en jeu, interceptée et convertie en lay-up par Gerald Henderson. Sur l’ultime possession, Magic Johnson dribble et dribble encore, laissant inexplicablement le buzzer retentir sans même tenter un shoot. Prolongation. Le vent a tourné. A 14 secondes de la fin de l’overtime, Scott Wedman fait ficelle, et Boston égalise à un partout. Petit miracle.

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Game 3 : Los Angeles 137 – 104 Boston

Honteux après avoir laissé filer le match 2 qui les aurait probablement mis sur le chemin du titre, les Lakers répondent en annihilant Boston à la maison, au Forum d’Inglewood. Magic Johnson distribue 21 caviars, des vagues de contre-attaque déferlent sur les hommes de KC Jones, et le mythique commentateur Dick Stockton se fend d’une célèbre phrase :

« C’est certainement l’une des corrections les plus décisives de l’histoire des finales NBA »

Après 3 matchs, le bilan est amer pour les Celtics : ils ne sont certes menés que 2-1, mais ont été dominés à 3 reprises, ne devant leur salut dans le Game 2 qu’aux erreurs répétées des Lakers. Sentant que quelque chose ne va pas, Larry Bird s’emporte dans son point presse pour réveiller ses coéquipiers :

« On a joué comme des t*pettes. On a des bons joueurs dans cette équipe, mais pas des joueurs qui ont le cœur qu’il nous faudrait. Quand vous voyez aujourd’hui Magic qui passe sa soirée à faire des high-fives, des gars qui font des passes dans le dos… Vous croiriez que quelqu’un tenterait de mettre un terme à tout ça, mais non. Tant qu’on ne réglera pas ça, on sera en grand danger »

Bird ne le sait pas encore, mais son message a été entendu. Et c’est un euphémisme.

Game 4 : Los Angeles 125 – 129 Boston (a.p)

Après la honte du match 3, le message est clair côté Boston : il faut faire cesser ce festival de lay-ups et de dunks. Danny Ainge ne dira pas le contraire : « On devait en mettre un par terre ». Avant le match, M.L. Carr, plus connu pour faire tourner sa serviette sur le banc que pour ses prouesses sur le terrain, chauffe Kevin McHale. L’ailier fort, pourtant tout sauf dirty, passe à l’acte. Sur une contre-attaque, alors que Kurt Rambis et son double-mètre s’envolent vers le cercle, McHale le descend avec un vicieux coup de la corde à linge. Rambis s’écrase sur le parquet.

McHale tremble, panique. ML Carr le soutient : « T’as fait ce que t’avais à faire ». De l’avis de tous les protagonistes, il s’agit là quoiqu’il en soit du tournant de la série. Après l’incident, le match devient corrosif, électrique. Bird et Abdul-Jabbar sont à deux doigts d’en venir aux mains, les accrochages se multiplient. Hors de leur élément dans ce contexte, les Lakers perdent en lucidité, cherchant à répondre par la violence plutôt que par le terrain. Magic Johnson commet un turnover crucial et signe un terrible 0/2 au lancer à quelques secondes du terme. Prolongation.

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L’overtime est âprement disputée, et à 34 secondes de la fin du match, le score est de 123-123. Boston a la possession, et Larry Bird (29 points, 21 rebonds) prend la parole pendant le temps-mort :

« Vous voulez gagner le match ? Donnez-moi la balle et cassez-vous »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Larry Legend trouve la position au poste bas, sur Magic Johnson, et swish un fadeaway sans trembler. ML Carr intercepte le cuir sur la remise en jeu et scelle la partie d’un dunk rageur. 2-2.

Game 5 : Boston 121 – 103 Los Angeles

De retour au Boston Garden, les Celtics sont prêts à enchaîner. Et pour cela, ils font appel à une de leurs armes secrète : la température. Il est de notoriété publique que Boston avait pour habitude de transformer sa salle en sauna afin de déstabiliser les adversaires. Cet après-midi là, on frôle les 37° au Garden. Les Lakers suffoquent, et Kareem Abdul-Jabbar est aperçu hagard sur le banc, muni d’un masque à oxygène avant même le début du match. « On savait que c’était bon à ce moment-là », sourit aujourd’hui Cedric Maxwell.

Bird marque 34 points et capte 17 rebonds dans un match tranquille pour les C’s. La chaleur ? « Il fait bien plus chaud quand je joue chez moi à French Lick », répond nonchalamment l’ailier des Celtics, en référence à la bourgade de l’Indiana dont il est originaire et où il a fait construire sa maison. Boston mène 3-2.

Game 6 : Los Angeles 119 – 108 Boston

Au pied du mur, les Lakers s’offrent un sursaut face à des Celtics qui ont peut-être inconsciemment levé le pied. Attaqué de toute part dans la presse depuis ses erreurs du Game 4, Magic Johnson, que les médias et les fans de Boston s’amusent à appeler « Tragic » sans relâche, retrouve sa baguette de chef d’orchestre et mène les siens à une victoire assez tranquille. Mais les séquelles des matchs précédents sont encore là, et Pat Riley voit d’un mauvais œil le Game 7 décisif qui se profile au Boston Garden :

« On était encore dans une mentalité de vengeance. Et bien qu’on ait gagné cette partie, je n’étais pas optimiste pour le dernier match. En tant que coach, même avec ces grands joueurs, je n’avais pas le bon ressenti »

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Game 7 : Boston 111 – 102 Los Angeles

Cette série ne pouvait pas se terminer autrement que par un match 7. Depuis le match 4, Boston a l’avantage psychologique, et Larry Bird se permet un troll laconique dans les médias avant le match :

« Je pensais qu’on allait les sweeper en 4 matchs mais bon… Ca a duré un peu plus longtemps que prévu, alors on va devoir le faire en 7 »

Derrière les apparences, les C’s savent qu’ils ne peuvent pas se rater. Avant le match, Danny Ainge se balade avec un stéthoscope qu’il a pris au médecin de l’équipe. Il le pose sur le cœur de Cedric Maxwell et constate qu’il tape particulièrement fort. Maxwell prend la parole : « Montez sur mon dos les gars, je vais vous le gagner, ce titre ». L’ailier marque 24 points, capte 8 rebonds et distribue 8 passes, et Boston gagne dans une ambiance hallucinante. Le terrain est envahi. Bird est nommé MVP de la série.

La conclusion d’une des finales les plus mythiques de l’histoire.

Lire aussi : Amitié, respect, loyauté : Bird et Magic, pour l’éternité

Voilà pour cet affront historique entre deux équipes légendaires de la ligue, menées par deux figures légendaires. Ça fait beaucoup de légendes dans la même phrase certes, mais impossible de résumer autrement cette épopée.

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