NBA – Plongée dans la vie palpitante des scouts de la ligue

Ce sont certains des personnages les plus énigmatiques de la ligue. Aussi discrets qu’importants, les scouts sont essentiels à la réussite de n’importe quelle franchise. Mais leur boulot n’est pas de tout repos, bien loin de là. Plongée dans leur vie à travers les témoignages anonymes de plusieurs d’entre eux. 

Alors, qu’est-ce que c’est, être scout NBA ?

Scout 1 : Être un scout peut être super sympa, mais si tu le fais sur le long terme, il y a plus d’inconvénients que d’avantages. Ca impacte ta famille. Tous les gens que je connais ou presque qui travaillent dans les front offices sont divorcés. Les gens me demandent toujours : « Comment tu as fait pour avoir un job si sympa ? ». Ils pensent que c’est génial parce que tu voyages beaucoup, mais ce n’est pas toujours marrant. Parfois, c’est brutal, tu fais 7 villes en 5 jours. Il faut regarder énormément de contenu et écrire énormément de rapports, aussi.

Scout 2 : Beaucoup de gens pensent que c’est une vie de luxe, mais c’est l’opposé. Ca ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bons côtés, mais tu passes énormément de temps à voyager, récupérer des informations, parler à des quidams. On passe plus de temps à fouiner pour avoir des informations qu’à regarder du basket, je ne pense pas que les gens réalisent ça.

Scout 3 : Parfois, j’ai l’impression d’être un détective privé (rires). Le gros de mon boulot, c’est rassembler des éléments. J’appelle tout le monde : docteur, physio, coéquipier, ami, coach… Je veux en savoir un maximum sur le joueur. Est-ce qu’il est en totale bonne santé ? Est-ce qu’il fume ? Est-ce qu’il boit ? Est-ce que ça va avec sa femme ? C’est des choses que nous voulons savoir [en tant que franchise] avant d’investir dans un joueur.

Scout 4 : Même mes amis ne comprennent pas mon métier pour la plupart. Ils pensent que j’essaie de dénicher un joueur dont personne n’a jamais entendu parler, comme si t’allais rentrer dans un gymnase et tomber sur le nouveau Giannis sans que personne ne le connaisse ! La vérité, c’est que dans l’époque actuelle, c’est très très dur de trouver un joueur que personne ne connait. L’idée, c’est de remarquer des choses que d’autres n’ont pas remarquées, et en savoir un maximum sur le joueur.

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Quels sont les meilleurs aspects du métier ?

Scout 1 : J’adore trouver des choses que les autres personnes ont loupé. Mon truc préféré, c’est scouter les joueurs du fond de la draft qui peuvent a priori juste prétendre à une invitation en summer league. Quand Jeremy Lin était à Harvard, j’ai dit que je pensais qu’il pouvait être un joueur NBA, et tout le monde a rigolé. C’était limite raciste, en plus, en mode : « oui bien sûr, un asiatique va réussir en NBA… ». Ca m’a énervé. Je n’ai pas bougé et j’ai dit que je pensais qu’il pouvait être un joueur NBA. Puis il a joué avec les Mavs en summer league, et il a impressionné. J’aime ça.

Scout 2 : J’ai toujours l’impression que mon opinion est écoutée. [La franchise] s’en fout de ce que les analystes ou les autres personnes disent, ils veulent MON avis. Il peut y avoir un joueur que tout le monde adore, mais si je n’aime pas un aspect de mon jeu ils m’écouteront.

Scout 3 : Toutes les rencontres que l’on peut faire. Les gens du front office, les joueurs, les jeunes, les agents, ils ont tous des histoires fascinantes. J’ai toujours particulièrement aimé avoir des entretiens avec les draft prospects. Tu peux voir quels joueurs sont intelligents, intéressants… Et bien sûr, ceux qui sont tout l’opposé.

Scout 4 : Si tu aimes voyager, c’est top. Tous les scouts ont leurs restaurants et leurs habitudes dans les différentes villes, et ils se les partagent entre eux.

Quels sont les pires aspects du métier ?

Scout 1 : Tu voyages énormément et tu es absorbé par ton travail. Ca affecte toutes tes relations. Ma femme est assez compréhensive et doit elle aussi voyager pour le boulot parfois, mais ce n’est pas idéal. Tu ne peux que rarement voir tes amis également, et quand tu les vois, ils sont énervés car ça fait 2 mois depuis la dernière fois. C’est difficile.

Scout 2 : Toujours voyager. Pour les célibataires, peu importe, ils peuvent faire ça 300 jours par an, s’adapter. Quand tu es marié et que tu as des enfants, ça prend le pas sur ta famille. Le rythme de vie est néfaste pour ton corps aussi, car tu ne manges pas correctement et peut avoir un rythme de sommeil compliqué.

Scout 3 : Le voyage. Comme tous les gros matchs d’université sont le samedi, tu rates beaucoup de fêtes d’anniversaires, de mariage, de cérémonies de remise de diplôme… Tu n’as pas vraiment de weekend, et c’est un des aspects compliqués du métier.

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Les scouts peuvent-ils être corrompus ?

Scout 1 : J’étais à Los Angeles pour parler à ce mec, une espèce d’agent foireux, et il a commencé à m’offrir de l’argent pour hyper son joueur qui était projeté à la fin du 1er tour de draft. Je ne sais pas s’il a compris mon travail, mais c’était flagrant qu’il avait l’habitude d’offrir de l’argent à des gens comme ça. C’était bizarre. Je ne vais pas accepter de l’argent et me faire manipuler. Est-ce que d’autre scouts le font ? Je ne sais pas.

Scout 2 : Des agents viennent me voir en me disant : « Hey mec, dis à ton boss que mon joueur est vraiment bon, et si ta franchise le drafte, on partage la commission ». Je suis genre : « T’es sérieux ? » Ca ne marche pas comme ça. Peu importe la somme que tu m’offres, ça fait du dommage à ma réputation. J’ai travaillé trop dur dans ce business pour faire un truc si idiot.

Scout 3 : Quand la draft approche, les agents veulent devenir ton meilleur ami. Ils s’en branlent de toi le reste de l’année, mais lors de la draft… Après, on ne m’a jamais proposé de l’argent. J’ai juste vu des agents me supplier de caler un workout pour que leur joueur puisse avoir une chance de rentrer en Summer League ou de gagner quelques places à la draft.

Sur quels joueurs vous-êtes vous trompés ?

Scout 1 : Klay Thompson. Je pensais que ce serait un bon shooteur, et c’est tout. Et je l’ai vu plusieurs fois à Washington State. Je n’avais pas imaginé le two-way player qu’il deviendrait. Je pensais qu’il deviendrait un J.J Redick. Evidemment, j’avais tort.

Scout 2 : Je ne pensais même pas que Isaiah Thomas était draftable. C’était un gros raté de ma part. Draymond Green, aussi, on l’a complètement loupé.

Scout 3 : James Harden. J’étais scout à l’Ouest donc je le voyais beaucoup jouer quand il est au Thunder. Je pensais qu’il deviendrait un bon couteau suisse, capable de faire pas mal de choses bien. Mais jamais je n’aurais pensé qu’il soit de calibre MVP. A ce titre, je le considère comme un échec pour moi.

Quelles sont les franchises qui scout le mieux ?

Scout 1 : Les Spurs sont incroyables. Ils ont beaucoup de continuité et travaillent avec les bonnes personnes. C’est une organisation exceptionnelle. Le Thunder fait aussi du super boulot, mais Sam Presti vient des Spurs. En tous cas, ce sont les 2 équipes qui sortent du lot pour moi.

Scout 2 : Les Spurs sont les meilleurs. Chaque équipe regarde comment ils font et essaie de dupliquer leur succès. Ils ont des gars partout, c’est la CIA du basket ! Si tu prends la majorité des grosses équipes en Europe, ils ont un assistant qui – officiellement ou non – leur donne des informations. Si vous êtes à un match international, les Spurs sont partout, en train de parler au GM, aux commentateurs, ou anciens joueurs qui sont là… Ce sont les meilleurs, et l’exemple que tout le monde essaie de suivre.

Scout 3 : Les Spurs sont excellents à l’international. Le Thunder a aussi un bon programme, les Nuggets aussi. Les Knicks ont un des tous meilleurs scouts en la personne de Kevin Wilson, mais je ne sais pas s’ils l’écoutent vraiment. Les Warriors aussi, évidemment, ont été parmi les meilleurs sur les dernières années.

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